LE PATRIOTE REPUBLICAIN DE LA SAVOIE
Sunday 28 April 1912
A GREAT BRITISH JOURNALIST
Amongst « Titanic »’s missing passengers, says Le Cri de Paris, one of those whose death will be most regretted will be W.-T. Stead. The French papers who did not know very well the editor of the important magazine Review of Reviews just quoted his name as missing. On the other hand, his death was a hard and painful blow in Great Britain and in America, where he was well known.
According to survivors, his last moments were admirable. He helped women to hurriedly get into the lifeboats. Then he quietly went down to his cabin and waited for death to take him away.
W.-T. Stead was one of the most puzzling characters of the time in Great Britain.
Before the Boer War, he was an intimate friend of Cecil Rhodes’. The Napoleon of The Cape took such a liking to him that he appointed him, through a valid testament, as the sole legatee to his fortune, which was tantamount to five hundred million Francs.
When the Transvaal battles began, Stead could not help writing that Cecil Rhodes, who was at the origin of the fights, was a brigand and that he deserved « hard labour ».
As you can imagine, Rhodes tore his testament to bits and Stead lost half a milliard.
Stead was not against Man’s love of medals. But the awards of his time seemed to him strangely run down. He then made up his mind and created a new one that would replace all medals and honours with advantage and that he would award himself to good people. It was an easy matter for him: he chose a trousers stud. He offered it to every person whose life he thought deserved being quoted as an example.
Many English people very proudly sported their trousers stud on the lapel of their evening clothes.
Someday he had a long conversation on Pacifism with Nicholas II. He very much enjoyed the Emperor of Russia’s ideas on the subject, and at the end of their talk, he took one of his studs from his pocket and pinned it himself on the tsar’s chest.
Stead deeply believed in spiritualism. He often boasted that he could speak with the dead and that he wrote what they told him. This way he had been the secretary of the great Catherine II.
As he was not only a mystical man but also a practical man, he had had the idea of founding a bureau meant to communicate with the other world. He called it the bureau « Julia », named after a lady friend of his who was dead and who often appeared to him. People who wished to hear news of their dear dead ones visited this agency which was opened on Mowbray House, Norfolk Street, in London.
Stead stated that his friends from the invisible world sometimes foretold him what the future would be. Did he know how his fate would come? We cannot be too positive about that. But in an article he published in the Review on 15 January 1909, he wrote word for word:
« Let us compare the grave with the Atlantic ocean .»
Then he commented on his comparison, and imagined that no traveller from Europe to America could come back because of underwater currents that would prevent them from undertaking a return journey. They would like, he said, to communicate with the Old World. Here we quote him again:
« ... At the end, the captain of the last expedition would send this message:
« From Captain Smith: All alive, safe and sound. Discovered New World full of Christopher Columbus and his companions’ grandsons. »
---------- Original article in French ----------
LE PATRIOTE REPUBLICAIN DE LA SAVOIE
Dimanche 28 avril 1912
UN GRAND JOURNALISTE ANGLAIS
Parmi les disparus du « Titanic », dit le Cri de Paris, un de ceux dont la perte est le plus à regretter est W.-T. Stead. Les journaux français, qui connaissent mal le directeur du grand périodique anglais Review of Reviews, ont a peine mentionné sa mort. Elle a eu, au contraire, un douloureux retentissement en Angleterre et en Amérique, où il était célèbre.
D’après les récits des survivants, ses derniers moments furent admirables. Il montra le plus grand empressement à faire monter les femmes dans les chaloupes. Puis il redescendit tranquillement dans sa cabine et y attendit le trépas.
W.-T. Stead fut une des plus curieuses figures britanniques de l’époque contemporaine.
Avant la guerre des Boers, il était l’ami intime de Cecil Rhodes. Le Napoléon du Cap éprouvait pour lui une telle sympathie qu’il l’avait institué, par un testament en bonne forme, le légataire universel de sa fortune, évaluée à cinq cents millions.
Quand les hostilités éclatèrent au Transwal (sic), rien ne put empêcher Stead d’écrire que Cecil Rhodes, qui les avait déchaînées, était un brigand et qu’il méritait le « hard labour ».
Comme on pense, Rhodes déchira son testament et Stead perdit un demi milliard.
Stead ne désapprouvait pas l’amour des hommes pour les décorations. Mais les insignes actuellement en usage lui paraissaient étrangement décriés. Aussi résolut-il d’en créer un nouveau qui les remplacerait tous avec avantage et qu’il décernerait lui-même aux gens de bien. Il ne chercha pas très loin : il choisit un bouton de culotte. Il l’offrit à toutes les personnes dont la vie lui parut digne d’être offerte en exemple.
Beaucoup d’anglais furent très fiers d’arborer au revers de leur smoking le bouton de culotte.
Il eut un jour une conversation sur le pacifisme avec Nicolas II. Les idées de l’empereur de Russie lui plurent infiniment, et à la fin de l’entretien, tirant de sa poche un de ses boutons, il l’accrocha lui même à la poitrine du czar.
Stead était un spirite convaincu. Il se vantait de converser familièrement avec les morts et d’écrire sous leur dictée. Il avait ainsi servi de secrétaire à la grande Catherine II.
Comme il était extrêmement pratique en même temps que mystique, il avait eu l’idée de fonder un bureau de communication avec l’au-delà. Il l’appelait le bureau « Julia », du nom d’une dame de ses amies, qui était morte et qui lui apparaissait fréquemment. Les personnes qui désiraient avoir des nouvelles de leurs morts s’adressaient à cette agence qui fonctionnait à Mowbray House, Norfolk Street, à Londres.
Stead déclarait que ses amis du monde invisible lui révélaient parfois l’avenir. Savait-il comment il mourrait ? On ne peut le dire d’une façon positive. Mais dans un article que publia la Revue le 15 janvier 1909, il écrivait textuellement ceci :
« Comparons la tombe à l’Océan Atlantique .»
Puis, commentant sa comparaison, il imagine qu’aucun des voyageurs partis d’Europe pour l’Amérique n’en puisse revenir à cause des courants qui s’opposeraient à leur retour. Ils voudraient, dit-il, communiquer avec l’Ancien Monde. Ici, nous citons de nouveau :
« ... A la fin, le commandant de la dernière expédition enverrait ce message :
« Du capitaine Smith : Tous en vie, sains et saufs. Découvert Nouveau Monde rempli de descendants de Christophe Colomb et de ses compagnons. »
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